![Voltaire []](https://petiteshistoiresdessciences.files.wordpress.com/2015/03/voltaire.jpg?w=192&h=238)
![Isaac Newton [2]](https://petiteshistoiresdessciences.files.wordpress.com/2015/03/newton.jpg?w=218&h=300)
C’est en Angleterre que se trouve en germe la relation que va entretenir le français avec les sciences. Exilé à Londres pour s’être fâché avec une des plus puissantes familles du royaume français, Voltaire assiste le 28 mars 1727 aux funérailles en grandes pompes de Newton à l’abbaye de Westminster dont le cercueil fut porté par six comtes et ducs. Le contraste avec l’expérience que Voltaire l’écrivain vient de faire avec l’aristocratie française l’interroge. Le physiologiste allemand Emil du Bois-Reymond, constatant l’avance intellectuelle prise par l’Angleterre pour reconnaître ses savants, écrit en 1868 [3] :
La marche de l’esprit humain paraît être soumise à une loi, qui est démontrée avec plus ou moins de clarté par l’histoire de la Grèce, de Rome, de l’Italie, de l’Angleterre, de la France et de l’Allemagne, à savoir qu’un peuple produit d’abord des poètes, ensuite des métaphysiciens et des philosophes, enfin des savants.
Autorisé à rentrer en France en 1728, il devient un fervent adepte des principes de Locke et convertit la jeune marquise du Châtelet au newtonisme. Elle assure la traduction des Principia et en donne un commentaire algébrique qui ne sera publié qu’après la mort de la marquise en 1759. On doit cependant aux frères Minimes de Rome, Jacquier et le Seur la primauté de la traduction des Principia de Newton en 1729.
Sa stimulation intellectuelle : Emilie du Châtelet
Madame,
Lorsque je mis pour la première fois votre nom respectable à la tête de Eléments de philosophie, je m’instruisais avec vous. Mais vous avez pris depuis un vol que je ne peux plus suivre. Je me trouve à présent dans le cas d’un grammairien qui aurait présenté un essai de rhétorique ou à Démosthène ou à Cicéron. J’offre de simples Éléments à celle qui a pénétré toutes les profondeurs de la géométrie transcendante, et qui seule parmi nous a traduit et commenté le grand Newton.
La conservation de la force
« Dieu maintient toujours constante la somme des mouvements existants dans le monde, comme la masse de la matière ».
Autre fait d’arme qui prouve l’activité scientifique de Voltaire, en 1738, l’Académie des Sciences propose un concours avec comme thème : La question de la chaleur et sa propagation. Voltaire décide de concourir, ainsi que la marquise. Aucun des deux ne gagne le premier prix qui fût remporté par le mathématicien Leonhard Euler mais ils reçoivent la mention honorable. Euler y développe une théorie qui s’avèrera fausse par la suite :
La matière ignée, différente de l’éther, est contenue dans les molécules des corps combustibles.
Cette théorie, que l’on nomme ensuite phlogistique, sera réfutée quelques décennies plus tard par Lavoisier. Euler a également proposé une équation de propagation de l’onde de chaleur dans l’air. Voltaire de son côté fait quantité d’expériences avec tout le matériel possible de l’époque. Il mesure précisément des masse de fer avant et après combustion et tente d’expliquer l’augmentation de la masse prise par le métal par l’adjonction d’une matière tirée de l’air qui n’est pas pour lui un élément mais un mélange de vapeurs. Il a ici une cinquantaine d’années d’avance sur Lavoisier qui prouvera que l’air est un mélange et que des oxydes métalliques se forment par combustion.
Voltaire refuse l’autorité, ne s’appuie que sur ses propres observation, n’hésite pas à avouer son ignorance et à reconnaître la limite de son esprit. Un véritable physicien.
Car le doute doit souvent être en physique, ce qu’est la démonstration en géométrie : la conclusion d’un bon argument.
Sources :
[1] Wikipedia, Voltaire
[2] Wikipedia, Isaac Newton
[3] Revue des cours scientifiques de France et de l’étranger, 1867-1868, page 538
[4] Voltaire, Eléments de la philosophie de Newton, Oeuvres complètes, tome 22.
[5] Wikipedia, René Descartes
[6] Wikipedia, Leonhard Euler